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Troisième partie

      Le meeting est fixé à 14 heures. A partir de midi, quatre à cinq mille manifestants arrivent à Vigneux. Sous le chaud soleil d'été qui attise la soif des participants, la réunion se déroule en plein air devant le hangar du comité de grève.<

     A un moment, on aperçoit dans la plaine un escadron du 27ème dragons. Mais les cavaliers contournent largement le lieu de la manifestation et vont prendre position du côté de la gare Draveil-Vigneux.

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Grévistes se rendant au meeting
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Vendeur d'églantines avant le meeting

 

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Les grévistes sur le lieu de rendez-vous
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La réunion en plein air

     Après les discours, un grand nombre de manifestants se forme en cortège, aux accents de l'Internationale, et se dirige vers Villeneuve-Saint-Georges. Un barrage est élevé sur la route devant le hangar.

     Les autorités ont-elles été prises au dépourvu par cette situation, ou l'affrontement a-t-il été voulu?... Les Dragons reçoivent l'ordre de tronçonner la colonne. Ils interviennent au moment où le cortège croise le remblai en surplomb de la voie de chemin de fer.

     Les Dragons mettent pied à terre et poursuivent leurs assaillants, sabre au clair. Les coups de sabre font de sanglantes entailles aux têtes et aux épaules.

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Le cortège sur la voie ferrée
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Les Dragons à pied sur la voie ferrée

     Vers 17heures, des blessés couverts de sang rejoignent à l'entrée de Villeneuve la masse des manifestants, tombée dans une nasse car les militaires, fortement déployés, bloquent toutes les rues autour de la gare. Tandis que la foule attend les trains pour Paris, de petits groupes harcèlent les forces de l'ordre avec des jets de pierres et de premières escarmouches se produisent. Soudain, à la vue du sang ouvrier, la colère du peuple gronde, comme lors des journées parisiennes de 1830 et de 1848.

     Des coups de feu sont tirés contre les forces de l'ordre. Les cuirassiers ripostent par des feux de salve et s'emparent sans trop de difficulté de quatre des barricades. Mais un groupe d'acharnés tient solidement la dernière qui n'est emportée, vers 6 heures du soir, qu'après un sévère assaut. Les soldats poursuivent les blessés jusque dans les couloirs des immeubles voisins.

      Le bilan est lourd: deux morts et plus de deux cent blessés - dont deux mourront dans les heures suivantes - chez les manifestants, et soixante-neuf blessés dans les forces de l'ordre.

     Les victimes se nomment Marcel Marchand, typographe à l'imprimerie Coopérative de Villeneuve-Saint-Georges, Paul Louvet, 18 ans, ouvrier charbonnier à Villeneuve-Saint-Georges, Edouard Leblond, terrassier à Palaiseau, et François Alligou, de Corbeil.

     Le corps de Marchand, tué d'une balle en plein front, sera déposé sur un brancard improvisé et porté devant le Préfet et le Général qui, pour calmer les esprits, le salueront, puis escorté par ses camarades à travers les rues de Villeneuve.

 

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Le corps du tué dans les rues de V/S/G
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Capitaine blessé lors de l'émeute

 

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Commentaires dans la rue
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Commentaires dans la presse

Le piège machiavélique

     Le Comité Confédéral de la C.G.T. est en réunion quand la police investit le siège du syndicat. Sept dirigeants de la C.G.T., dont ses deux principaux chefs, Griffuelhes et Pouget, sont incarcérés, tandis que les trois dirigeants de la Fédération du Bâtiments: Rousselet, Péricat et Clément, plus adroits ou mieux renseignés, s'enfuient en Belgique. Clémenceau peut être satisfait: le mouvement syndical est décapité.

     D'autres arrestations interviennent les jours suivants. Un appel à la grève génèrale est lancé pour le 3 août, mais la classe ouvrière est assommée par la brutalité de la répression et cette journée est un échec complet. A partir de ce moment, les grèvistes des sablières ne pensent plus qu'à en finir.

     Un accord est signé le 4 août sur les bases suivantes: 55 centimes de l'heure, 82,5 centimes pour les heures supplémentaires, journée de travail limité à 10 heures, repos hebdomadaire ( légal ! ) obligatoire, suppression des débits de vin tenus par les contremaîtres. Six morts et trois mois de grève pour des résultats bien minces et aucune avancée sur le plan de la reconnaissance syndicale.

Cliquez pour agrandir     Le juge d'instruction poursuit tous les prévenus pour l'émeute de Villeneuve-Saint-Georges. Les avocats des responsables de la C.G.T. n'ont aucun mal à prouver que, pendant le meeting, les principaux leaders déjeunaient dans une guinguette d'Athis-Mons, au bord de Seine, et qu'ils n'étaient intervenus qu'après le massacre. Les seize dirigeants syndicaux, y compris ceux en fuite, bénéficieront d'un non-lieu le 31 octobre, huit comparses, inculpés de violences, restant sous les verroux. La C.G.T. organisait des manifestations de soutien à travers toute la France. D'autre part, les gendarmes inculpés le 2 juin n'avaient pas encore étaient jugés.

      Les manifestations furent suspendues et, le 12 février 1909, la Chambre des Députés vota par 451 voix contre 5 << une amnistie pleine et entière pour faits de grèves et faits connexes relatifs à la grève de Vigneux et aux événements de Draveil-Vigneux et Villeneuve-Saint-Georges du 2 mai 1908 au 15 janvier 1909 >>. Ainsi prenait officiellement fin ces événements qui laissèrent des traces profondes dans l'esprit du monde ouvrier.

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